Le C919, premier avion moyen-courrier chinois, ambitionne de briser le duopole Airbus-Boeing. Développé par Comac, une entreprise d’État, il incarne la stratégie « Made in China 2025 » visant à renforcer l’autonomie technologique de Pékin. Mais ce projet, symbole de fierté nationale, suscite des soupçons de copie et des enjeux géopolitiques majeurs.
Fondée en 2008, Comac bénéficie d’un soutien massif du gouvernement chinois, avec des investissements estimés à 50-70 milliards de dollars. Le C919, conçu pour transporter 158 à 192 passagers, a effectué son premier vol commercial en 2023 avec China Eastern. Avec 1 200 commandes, principalement domestiques, Comac vise 200 avions par an d’ici 2029, ciblant 20-30 % du marché chinois.
Le design du C919 ressemble fortement à l’Airbus A320, alimentant des accusations d’espionnage industriel. Un ancien A320 vendu en Chine aurait été démonté pour analyse, selon des rumeurs relayées sur X (@airplusnews on X). De plus, le C919 dépend de composants occidentaux, comme les moteurs CFM LEAP-1C (GE-Safran), révélant une autonomie technologique limitée.
Depuis 2008, Airbus assemble des A320 à Tianjin, en Chine, partageant des savoir-faire pour accéder au marché local. Ce partenariat a renforcé les capacités chinoises, mais certains y voient une erreur stratégique, Comac ayant intégré ces connaissances pour développer le C919.
Comac cherche la certification de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA), attendue entre 2028 et 2031, pour pénétrer les marchés mondiaux. Mais les tensions sino-occidentales, notamment les restrictions américaines sur les technologies aéronautiques en 2025, compliquent cette ambition. Le C919 pourrait séduire des compagnies en Asie du Sud-Est ou en Afrique grâce à son prix compétitif (108 millions de dollars).
Le C919 illustre l’ascension industrielle de la Chine, mais ses défis restent nombreux : dépendance technologique, soupçons de copie et concurrence féroce. Si la certification EASA est obtenue, il pourrait devenir un acteur crédible, redessinant l’aéronautique mondiale tout en exacerbant les rivalités géopolitiques.