Dans cet article, je vais brièvement faire une analyse de la politique économique de Donald Trump, mais avec une grille de lecture orientée sur son conseiller principal en politique et stratégie économique. Cette politique, caractérisée par une certaine imprévisibilité et des fluctuations dans l'application des tarifs douaniers est à l’instar de ce que le président Trump présente comme une stratégie de négociation.

En l'absence d'une vision économique unifiée directement attribuée à Trump, l’article explore le cadre conceptuel central souvent associé à Stephen Miran, son conseiller actuel et président du Council of Economic Advisers (CEA).

Le cadre économique que semble adopter Donald Trump pour son second mandat trouve une inspiration assumée dans les travaux de Stephen Miran, ancien conseiller au Trésor et partisan d’une ligne économique néo-mercantiliste. Dans une analyse intitulée “A User’s Guide to Restructuring the Global Trading System” et publiée sur le site de Hudson Capital ou il officiait en tant que Senior Strategist, le Dr Stephen Miran décrivait le plan économique qui semble aujourd’hui guidé les décisions drastiques de l’administration Trump depuis Janvier 2025.

Ce plan, souvent désigné comme la "doctrine Miran", repose sur quatre piliers stratégiques :

  • Éliminer le déficit commercial structurel, en réduisant la dépendance aux importations et en augmentant la production domestique ;
  • Préserver la suprématie du dollar comme monnaie de réserve mondiale, tout en contrôlant son appréciation pour soutenir les exportations ;
  • Financer la puissance militaire américaine par les recettes douanières, réinterprétant le rôle stratégique des tarifs dans la sécurité nationale ;
  • Réindustrialiser les États-Unis à travers une combinaison de politiques monétaires non conventionnelles, de hausses tarifaires ciblées et d’une gestion active du taux de change.

Ce programme marque un tournant clair par rapport à l’orthodoxie économique des décennies précédentes. Il fusionne nationalisme économique et objectifs géopolitiques, avec une volonté affichée de replacer la production industrielle au cœur de la puissance américaine. À travers le prisme de Miran, l’économie devient un levier d’influence stratégique dans un monde multipolaire dominé par des rivalités structurelles, notamment avec la Chine.

Le dollar, en tant que monnaie de réserve mondiale, confère aux États-Unis une influence géopolitique considérable et une "arme de guerre économique". Cependant, sa force actuelle renchérit les exportations américaines et nuit à la compétitivité des industries locales. Miran propose un "nouveau Bretton Woods" pour résoudre ce dilemme, un accord interbancaire visant à affaiblir le dollar sans compromettre son statut global, via une régulation publique des taux de change.

L’article détaille le mécanisme des tarifs douaniers, qui visent à rendre la production nationale plus compétitive en augmentant le coût des importations, encourageant ainsi le rapatriement de la production. Toutefois, ces tarifs sont confrontés aux coûts de production plus élevée aux États-Unis et peuvent générer de l'inflation. La réindustrialisation exige davantage qu'une simple politique macro-financière ; elle nécessite des investissements dans les infrastructures, la formation et une régulation adaptée, éléments qui pourraient être développés par l'administration actuelle.

Pour affaiblir le dollar, Miran suggère que les banques centrales alliées vendent leurs réserves en dollars sans les reconstituer. Une telle mesure, cependant, limiterait leur capacité de réaction en cas de crise et conférerait un pouvoir accru à la Réserve Fédérale américaine (Fed), pouvant générer des tensions.

Le texte souligne également les risques pour la confiance dans le dollar. Les tensions commerciales et les actions de l'administration actuelle pourraient éroder cette confiance, menaçant le statut de monnaie de réserve. Le "dilemme de Triffin" est évoqué comme un concept théorique, mais l'article suggère que le véritable défi réside dans la montée en puissance industrielle et technologique de la Chine.

En conclusion, le "plan" Miran pour la politique économique de Donald Trump est une stratégie complexe et risquée actuellement mise en œuvre. Elle repose sur des tarifs massifs, un affaiblissement du dollar coordonné avec les alliés, et le financement de l'armée. Cependant, cette approche est considérée comme incomplète, ne tenant pas compte de la complexité des chaînes d'approvisionnement et des coûts spécifiques, et reposant sur des hypothèses fragiles. La gestion présidentielle et les dynamiques au sein de son équipe ajoutent à l'incertitude quant aux résultats de cette stratégie en cours.