Fort d’un positionnement géostratégique stratégique entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient, le Maroc s’affirme comme un acteur économique régional de premier plan (la nouvelle tribune, 2025). Sa proximité avec le marché européen, son intégration croissante à l’espace afro-atlantique, ainsi que ses partenariats multidirectionnels avec les États-Unis, la Chine et les pays du Golfe en font un hub d’échanges incontournable.
Des piliers économiques solides
L’économie marocaine repose sur trois secteurs stratégiques :
- Les phosphates, dont le Royaume détient plus de 70 % des réserves mondiales, représentent une source majeure de devises grâce aux exportations de phosphate brut et d’engrais. L’OCP (Office Chérifien des Phosphates), fleuron national, alimente la demande mondiale, notamment chinoise et indienne (le matin.ma, 2025)

- L’industrie automobile, devenue premier secteur exportateur du pays, connaît une croissance soutenue. À titre d’exemple, au premier semestre 2023, les exportations automobiles ont progressé de +38 %, atteignant 7,5 milliards d’euros (le matin.ma, 2025). Renault (usines à Tanger et Casablanca) (Tanger Med), Stellantis (usine à Kénitra) et d’autres sous-traitants de rang mondial ont consolidé leur implantation sur les zones franches de Tanger Med, Kenitra et Casablanca.
- Les énergies renouvelables, dans lesquelles le Maroc s’est fortement engagé, représentent un levier stratégique pour sa souveraineté énergétique et son rayonnement. Le complexe solaire Noor à Ouarzazate, les projets d’éoliennes côtières et les ambitions autour de l’hydrogène vert, notamment dans la région de Guelmim-Oued Noun traduisent cette orientation de long terme.

Un réseau d’accords commerciaux performant
Le Maroc a su capitaliser sur une politique commerciale proactive. Il est :
- Le seul pays africain à bénéficier d’un accord de libre-échange (ALE) avec les États-Unis, en vigueur depuis 2006, facilitant l’accès au marché américain pour les produits marocains, notamment textiles et automobiles.
- Étroitement lié à l’Union européenne, qui absorbe 50 à 56 % de son commerce extérieur à travers l’Accord d’Association Maroc–UE.
- De plus en plus connecté à la Chine, devenue son troisième fournisseur commercial, avec des échanges bilatéraux dépassant 8 milliards USD en 2023, et des investissements structurants dans les infrastructures industrielles.
Cette pluralité d’accords positionne Rabat comme un acteur pivot de l’intégration Sud–Nord et Sud–Sud, notamment à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et ses ambitions logistiques au Sahel.
Des vulnérabilités structurelles persistantes
Mais cette dynamique est soumise à des risques de court et moyen terme :
- La baisse récente des prix mondiaux des phosphates, avec une chute des exportations de phosphates et dérivés de plus de 33,6 % en 2023, pèse sur les recettes d’exportation, avec une demande chinoise fluctuante.
- La dépendance aux composants électroniques asiatiques, cruciaux pour l’industrie automobile marocaine, rend le secteur vulnérable aux tensions géopolitiques et aux perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales.
- Les tensions climatiques, avec la récurrence des sécheresses, affectent l’agriculture, un secteur toujours important en termes d’emplois et de stabilité sociale.
Une stratégie tournée vers l’Afrique et la transition verte
Face à ces défis, le Maroc accélère ses projets structurants :
- Sur le plan régional, le projet du port de Dakhla Atlantique et l’expansion des corridors logistiques vers le Sahel visent à faire du pays un hub d’exportation vers l’Afrique subsaharienne.
- Sur le plan énergétique, le Royaume investit dans le solaire, l’éolien et l’hydrogène, cherchant à se positionner comme un acteur majeur de la transition énergétique mondiale, tout en réduisant sa dépendance aux énergies fossiles importées.

Le Maroc combine résilience économique et ambition stratégique. Sa capacité à naviguer entre les grands pôles d’influence — Union européenne, États-Unis, Chine, Afrique subsaharienne — tout en accélérant sa transition énergétique, le place au cœur des dynamiques régionales.
Cependant, cette trajectoire reste conditionnée par sa capacité à sécuriser ses chaînes de valeur, à innover localement, et à atténuer les vulnérabilités macroéconomiques, notamment climatiques et industrielles.